ou Le Naufragé de la Légende

mercredi 9 décembre 2009

2h81... (9 déc 09)

Après le Volet 1: "La Mort d'un Naufragé - Expliqué aux Tous Petits",
le volet 2: "Les Fantômes et la Survie", le volet 3: "Retour à Neverland" et le volet 4: "Le Tournage".....

Volet 5 : " Insomnie / Amnésie ", mettant en vedette le Naufragé et Vanessa Bioskop.

*Il est à noter que la couverture (mis à part le titre) a été écrite et dessinée par oJo Peters lui-même! Merci encore à toi, Jo Symphonique! *

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À la prochaine, les ptits potes!
Jean Daire, 9 décembre 2009, 19h45

EDIT: Le Volet 6: "Maître de Soi" enfin disponible!

mardi 6 octobre 2009

1h30 am (6 oct 09 24h02)

Après le Volet 1: "La Mort d'un Naufragé - Expliqué aux Tous Petits",
le volet 2: "Les Fantômes et la Survie", et le volet 3: "Retour à Neverland"....

From the streets of FaberTown!!, Here comes....... Le Volet 4: "Le Tournage"!


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See ya soon, folksyz!

-DM- 6 oct.2009, passé 24h01

EDIT: La suite ici: Volet 5 "Insomnie/Amnésie"

5h40 am (mardi 6 oct 2009)

Troisième et dernier volet graphique de La Mort d'Un Naufragé: "Retour À Neverland"


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La Fin.

Au plaisir, folks.
-DeadMachina- 6 octobre 2009, 21h48


EDIT: la suite ici. Volet 4: "Le Tournage"

lundi 28 septembre 2009

4h30 am (lundi 28 sept)

(suite du post du 18 août)
"La Mort d'Un Naufragé: Volet 2: Les Fantômes et la Survie".

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EDIT: La suite ici: Volet 3 "Retour à Neverland"
Merci.

mardi 18 août 2009

3h30am (18 aout 2009)

"La Mort d'Un Naufragé" expliqué au tous petits. Merci à Lazy pour le modèle.


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Merci.

EDIT: La suite ici: Volet 2 "Fantomes et Survie"

lundi 3 août 2009

Le Livre d'Or (3 août 2009)

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-DM-
3 août 2009, 12h37

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Le Notebook

Petit pamphlet d'utilité fréquente,
Script et indications,
Jeu et saveur à venir.
Petit calpin souverain, souple, en cuir
Pensées aimables et redoutables.
Scènes à venir: famille à table, souper de célébration.
Un enfant chétif vient par dessus l'épaule observe;
T'inquiète, ces des notes qui veulent pas grand chose.
Range ça et vient: on va s'amuser dehors (scène 3: noeud)
"I got a little black book, with my poems in".
Les pages sont souillées d'encre bleu et noir.
Fidèle ami du stylo bille,
Le Notebook est collé dans la poche
Impossible de s'en défaire.

Et pourtant tout ce qui est inscrit,
Ce ne sont que des mots vides.
...Solution: prendre tout ça et en faire une patchwork.

Le silence atterant que l'on tient en certaines occasions:
La mort d'un proche, la perte future d'une personne, la rêverie solitaire, une fête, devant un enfant, devant un inconnu, entre deux personnes qui se bousculent. Un jour de soleil, au loin, dans la nature. Au loin, une maison, une fête. Se tenir droit, et se dire à soi: "C'est comme si j'y étais... c'est aussi bien, j'en suis sûr."

Les voix du silence (ironie) sont impénétrables. Au loin, une personne se tient le dos droit, et semble murmurer à soi-meme. Les deux murmureurs s'aperçoivent, se rapprochent, mais continuent de murmurer pour soi, tout en continuant à se regarder. De façon intense, et douce. Très loin, là-bas, une 3e personne chuchotte et se rapproche du duo. Le trio s'aggrandi, petit à petit.

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1) Je ne suis pas seul, j'en suis sûr.

2) Je murmure pour moi-même, mais les autres peuvent entendre, si ils tendent l'oreille, à travers leur propre murmure.

3) Si je chante, les autres le sauront, et auront peur de la voix émmergeante.

4) ... la parole est de cuivre, la réflexion est d'or

5) Le Livre d'Or n'existe pas. C'est le Graal que convoite les murmureurs, un artéfact mythique.

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13h17

vendredi 17 juillet 2009

Patchwork (Vendredi, 17 juillet 2009)

"Mais en ce moment, cette personne qui est loin doit sûrement se dire: ......fuck dat.... A soir, c'est rien, mais après... c'est toute." Comme une phrase parabolique collée à la cervelle, qui ne veut pas partir. Mais tout ça n'est que mascarade.

"Regarde autour de toi, tes amis, et François et Firmain
Comme ils te méprisent, ils ne t'ont jamais couchée dans le foin?
Le village entier te déteste
Tu étais une rose, et te voilà une merde!
Et d'ailleurs quelle idée de t'appeler Rose
Tu n'es pas une fleur, tu es une fille
D'ailleurs jolie quoique j'en ai vu plusieurs avant toi
Et je ne te promets rien"

Ce soir, la nuit nous appartient. Midnight summer dream. Let's go, on fou l'bordel. Personne ne va s'en soucier de toute façon, personne ne regarde. Et ya la femme de ménage qui ramasse le bordel à tous les soirs j'imagine. Tiens, ya des enfants qui crient dans le passage. J'entends pas la mère derrière. J'entends pas les vagues, ni les arbres pousser, ni la barque accoster. Je suis l'hiver qui gèle le germe de la vie. Je suis un sauuuuulle incoooonsollaaableeuuuhhh! Une petite bactérie qui veut simplement s'installer tranquile, avoir son sol fertile pour l'agriculture, ses plants de cheveux et de peaux mortes sur le crâne d'un individu quelconque.

De l'autre bord de la rue, une jeune fille passe la main dans ses cheveux, et Jacques ne le remarque pas, ce détail. Ce matin, comme tous les matins, Jacques lit son journal au café. Il habite Montréal et se dit en pleine santé, malgré son âge avancé. Dans sa jeunesse, il écoutait la radio avec ses parents. La jeune fille, elle, se rend à la boutique pour chercher le chapeau qu'elle a commandé. Enfant, elle adorait quand son père lui préparait des roties avec de la confiture, le matin. Il savait comment étendre la confiture de fraise comme personne. Après ses 10 ans, il est parti se faire bronzé en Floride où il a rencontré une femme pour qui il a quitté sa famille.

Homme dans la quarantaine, cherche paradis perdu. Jeune fille dans la vingtaine, cherche père déserteur.

Je pensais qu'un jour, les choses s'arrangeaient pour le mieux. Que tout le monde pourrait marcher dans la rue et se saluer sans regarder l'autre comme un abruti. Hélas, certaines personnes ont le don d'énerver beaucoup de gens, sans s'en rendre compte. Ne les appellont pas peste. C'est méchant pour rien. Disons simplement que ces gens renferment probablement un grand nombre de complexes et de dilems intérieurs. Ils sont donc une menace possible au calme et au respect de l'autre. "Deal With It. Rock'n'Roll." Je pense donc je suis. Je parle donc j'interagi. Lorsque l'interaction n'est pas voulu auprès des autres, le mal est tourné vers soi. Voilà un concept intéressant: un personne incapable d'extérioriser ses angoisses va sensiblement retourner celles-ci contre lui-même. Méchanisme automatique.

Et le naufragé, sur son île, regarde seul le coucher du soleil, derrière un pont de la ville. Il se dit: devrais-je être content d'être seul et de ne pas sentir le poids d'avoir à m'exprimer à une autre personne devant ce spectacle, ou devrais-je être triste de ne pas pouvoir vivre un moment fantastique avec d'autres personnes?
"Faisons arrêt sur l'image. ...Herbert doit se resaisir. En effet, il ne doit pas parler des autres, mais de lui-même comme lui a fortement suggéré son psychanalyste."
Je préfère probablement la solitude à la compagnie. Physique en tout temps, pour sûr. L'absence psychologique des autres, pourtant, m'atteind à un point tel que je ne ressens plus l'envie de faire quoique ce soit.
Le déficit d'attention à l'envers. Je n'ai pas l'esprit ailleurs; j'ai un manque de l'attention des gens à mon égard. Narcisse, à son ruisseau, qui souhaite que tout le monde regarde son reflet. Et lui, de dire: "non je ne veux pas regarder mon reflet, je sais que je suis beau à voir! hihihihi!" innocent et stupide qu'il est.

Seul dans la forêt déserte, le naufragé écrit sur les arbres, laisse des messages dans des bouteilles, mais les seules réponses qu'il a sont des pancartes "sauvons les arbres" et des retours de bouteilles avec des rabais de publi-sac à l'intérieur, le message écrit encore intact et intouché. Paumé, les vêtements en lambeaux, il tente de sortir du bosquet, le visage lugubre, il tente de regarder les autres dans les yeux avec une sincérité qui se veut saine. Sur le bord de la route, en faisant du pouce, les voitures passantes continuent leur chemin. Une voiture remplie de jeunes ralentie. Une bouteille de verre lui est jetté par la tête avant que la voiture ne fasse crisser les pneus et de partir à toute vitesse.

"Ma forêt fidèle, toi au coeur sain. Tu ne m'as pas appris cette réalité... L'est-ce vraiment? N'est-ce qu'une illusion?" Ô, j'ai connu tant de gens. De bonnes et de moins bonnes personnes, j'en fais partie, mais comment vivre au travers de toutes ces différences? Je ne suis peut-être que l'intru qui a appris les mauvaises valeurs. Mais devrais-je, pour autant, subir les railleries sans m'en sentir atteind? Faire comme si rien ne m'atteind, est-ce possible?
Et les Êtres Sensibles sont-ils plus faibles devant les remarques les plus innofensives? Certes.

"If you tell Waker it looks like rain, his eyes all fill up." Pleurer devant la pluie... voilà une belle image d'une personne sensible...

Calisse, là, wo! Pleurer devant la pluie, sti, c fifffff ça! Faut pas exagérer crissss!
Oh? Ah... ben désolé alors, msieur j'savais pas ...
Ben c'est ça, écrase, pis bat toi à place. Faire un homme de toi.


Non désolé, j'suis toujours pas capable...
J'aime ce qui n'est pas tactile, la pensée, la poésie, le mystique, la fumée à la limite. Du moins, la pensée et la poésie et la mysticité dans un cadre paisible et qui ne cherche pas le conflit. Mais je suis maudit, moi, enfant à l'esprit contradictoire, qui dit "je m'en fou que tu t'en fou", qui pense "toi tu ten fou, mais pas moi", moi qui dit oui, qui dit non, qui ne se souvient jamais de rien. Toucher est contraire à mon bien être, et donc, quelle que soit les intentions, je me sens en danger. La pensée est, selon moi, fondamentallement bienveillante, comme l'humain. Lorsqu'une mauvaise énergie s'en dégage et entre dans mon esprit, cela devient au dela du compréhensible: "pardon, jai dû mal comprendre. j'ai penser pendant une fraction de seconde que tu me disais du tord. ce qui ne se peut pas, puisque tout être est bon." Nenon, abruti, je t'ai bien dit ce que tu a entendu. "oh... alors... non je comprend pas. Pourquoi pas essayer de bien s'entendre" Non "oh... bon, alors... ......non sérieux, là scuse moi, mais jcomprends vraiment pas.. t'es sûr que tu veux pas partir la discussion avec un peu plus de soleil dans l'esprit??? J'aime pas la chicane, tu sais alors..." M'en fou.

"Gloom and Doom" comme disait Harvey Pekar/"J'pourrais crever, j'crois qu'elle s'en rendrait même pas compte" cut to - scène de l'Église: seuls la femme de Jean-Marc et ses enfants sont présents, et regardent tous leur montre/The Lord Is My Shepperd, I Shall Not../La mort de Mic../Miserere.../Wall.../ STOP!








...patchwork...







Ce matin, Jacques lit son journal, et regarde par la fenêtre du café. Julie sort de la boutique après avoir salué son amie qui travaillait ce jour là. Elle regarde des deux bords de la rue, et traverse le traffic de la rue étroite. En entrant dans le café, elle enlève son nouveau chapeau, et s'installe à une table. Jacques la regarde d'un oeil sobre. Il est touché par la pensée suivante: "Ce pourrait être ma fille..." Il baisse la tête derrière son journal, ferme les yeux, et retient une larme.

Le naufragé regarde le soleil se lever. Il se dirige vers le ruisseau et se lave le visage. Les rayons de l'aube brillent sur toutes les gouttelettes sur son visage.

-JD-
Vendredi, 17 juillet 2009, 23h31.

Phrase de la soirée: "Sometimes... you just try too hard. You don't need to do that, you know? Ok, see ya..."

lundi 1 juin 2009

La Mort d'un Naufragé (dimanche 31 mai 2009)

«La Mort d’un Naufragé» (dimanche 31 mai 2009, minuit 34)

Il y a déjà plus d’un mois que je ne dors pas.
La première nuit passée complètement éveillé, je l’ai passée à regarder la télévision, espérant que la prochaine émission serait ennuyante, endormante. Jusqu’à cinq heures du matin, j’ai attendu le moment propice pour dormir. Puis, j’ai dû quitter pour le cégep.
Deux semaines plus tard, c’était fini, l’école. Et les cernes ont passé du bleu pâle au violet foncé. Du jour au lendemain, j’ai commencé à voir des fioritures dans l’image, les sons étaient décalés et le récit, incompréhensible. La table de montage n’était pas disponible, cette journée-là, malheureusement. Impossible de remettre les pendules à l’heure. Quand on fait de l’insomnie, le temps est parfaitement incohérent : les aiguilles tournent en sens inverse, on passe de la nuit au jour en pensant constamment que c’est le monde à l’envers, et le temps s’arrête… Depuis une semaine, je passais mes soirées à chercher Max Von Sydow pour utiliser son image comme profil. Je parlais avec Susanne Bier de son film sur les noces d’un jeune couple. Je peignais la Mona Lisa édentée avec La Nui Étoilée comme fond. J’ai voyagé en Argentine, en arrêtant par Tel-Aviv, dans un petit café où je marmonnais seul à quel point je n’ai jamais aimé l’adaptation cinématographique de Less Than Zero. Peut-être avais-je enfin rêvé.
Hélas non. Je me retourne de côté dans mon lit, les draps tous mêlés autour de mon corps de plus en plus frêle et je me dis que ça semblait si bien comme histoire à imaginer.
Mes yeux se sont renfoncés, mes tempes sont si noires qu’on les croirait dessinées au fusain et le cadran affiche 4 :09. Et je décide que c’en est assez.

Mon problème c’est que, lorsque je suis obsédé par quelque chose, j’ai la mauvaise habitude de l’assimiler en moi. Prenons l’exemple de désordre psychologique qui me fascine depuis prées de 4 ans : l’amnésie. À force d’en parler dans quelques histoires que j’ai écrites, auparavant, j’ai fini par avoir de plus en plus de pertes de mémoire. Mélangez amnésie avec insomnie, plus un esprit contradictoire à la base, vous obtenez une personne complètement déboussolée qui se retrouve à une pharmacie et qui, au lieu de chercher les somnolents, se trouve dans la section électronique à chercher un téléphone avec agenda intégré. Parfois, si j’ai de la chance, j’ai des flashs de conscience qui reviennent me hanter. Et c’est le cas, Dieu merci, alors je silionne les allées à la recherche du remède à ma maladie. Rien contre la diarrhée verbale, mais peut-être y trouverais-je une alternative aux publicités de Sex-A-Tout et du Clan Paneton. Alors arrive le moment tant attendu d’avaler les petites pilules. Non. Un instant. J’ai oublié de dire qu’avant les médicaments, j’ai essayé les fêtes, l’alcool jusqu’à épuisement des stocks, les raves, l’ecstasy, le speedball, les combats de ruelle, la baise sportive des minettes en chaleur, le vélo de montagne, la course du mille, bref l’entraînement physique qui épuise le corps et l’oblige à se reposer. J’ai pensé que l’effort m’amènerait à un coma réparateur, quelque chose qui pourrait enfin m’empêcher de dire n’importe quoi à n’importe qui. Je pensais que la mort allait enfin être la solution à mon problème de gigotassions nocturnes. Et puis m’est venu en tête que le coma n’étais pas ce que je recherchais. Je voulais m’envoler ailleurs, quelque lieu où je serai sûr de ne déranger à personne, un endroit désertique, mais paradisiaque. Le surf, j’ai pensé. À travers les vagues électroniques, j’allais trouver mon paradis personnel. Alors, les séances nocturnes d’ordinateur ont recommencé. En fait, toute la nuit et du matin au soir, à dix centimètre de l’écran, je passais en revue tous les sites qui pourraient m’aider à trouver ma plage des suds tropicaux. Sites d’art, photos et peintures de sable, de lagons, et vagues; sites de leçons de comment construire son radeau aussi bien que Chuck Noland dans Cast Away; psychomédia pour les trucs du jour « comment aider un amnésique à vivre tous les jours. »
Mon teint est vert pâle et le pharmacien qui me fixe depuis dix minutes, ça pourrait être une heure, je ne regarde plus ma montre, il sort de son cabinet et me suggère une boîte. Je ne regarde plus rien, en fait : depuis des jours, mes yeux fixent, c’est tout. Chez moi, la boîte a un nom. La caissière me demande si j’ai la carte Air Miles, et monsieur, et youhou, et je dépose un billet de ma poche. Peut-être un vingt. La police n’est pas venue m’arrêter pour vol. Elle se nomme Homéogène 46 de BOIRON, croquer et laisser fondre deux (2) comprimés le soir et deux (2) comprimés au coucher. En cas de persistance des troubles, consultez un médecin. Un médecin. Tiens, je n’y ai jamais pensé. Peut-être par peur de me faire renvoyé chez les Remaining Men Together comme Jack. 60 comprimés, trois (3) tablettes de vingt (20). Et je croque, je mâche, j’attends jusqu’à ce que tout soit dissolu. Couché dans mon lit, au lieu de compter les moutons, je repense à tout ce que j’ai vécu depuis ma naissance. Remontons au premier souvenir : moi à deux (2) ans dans mon berceau qui essaie de s’enfuir de sa chambre noire plonger dans la pénombre, je me rentre le barreau dans la fourche et j’ai mal, mais je réussi à descendre. Je ne vois pas la poignée de porte, mais je sais exactement où elle se trouve, et même si elle est très haute, je réussi à ouvrir la porte et à aller dans le salon pour regarder la télévision. Au lieu de m’emmerder en me racontant cette histoire, je souris. Passons à une autre histoire… J’ai huit ans, et je dis une connerie à ma copine le jour de ma fête. Non, déjà écrite, cette histoire-là. Ça va m’endormir rapidement, pensais-je, et je vais dormir. Bien sûr, me connaissant, il n’y a aucune chance que je ne sois pas excité en pensant à tous les souvenirs qui me hantent. En fait, j’ai les yeux tellement secs que de les fermer serait trop pénible comme douleur. Ils sont figés sur le cadran et tout est flou. Le cellulaire vibre. Il s’agit d’un texto qui date d’une semaine. Ça y est, les revenants m’appellent. Enfin. À l’autre bout du fil se tiendrait une personne qui lâcherait un râle moribond avant de raccrocher. J’aurais enfin la preuve que je suis plus proche de la mort que je ne crois. Peut-être étais-je déjà sur mon île déserte. «Je ne serai pas là, à la projection. Tu me diras si c’était bien, et qui a gagné». Et ce numéro, c’était celui d’une fille avec qui j’avais à peine échanger quelques lignes sur internet. Comment pouvait-elle avoir mon numéro de cellulaire? Je décide alors d’écrire un scénario basé sur une histoire que l’on vivrait ensemble avant que tout ne vire au vinaigre. Disons, un bébé. Non, c’est cliché et j’ai déjà un scénario qui ressemble à ça. Un homme au volant d’un énorme camion noir engueule la mère de ma copine, juste devant leur maison; elle, dans sa petite voiture rouge, reste là, les doigts crispés sur le volant. L’homme part après son flot d’insultes plus vulgaires les unes que les autres, la mère sort de la voiture, pleure en soubresauts, tremblant de la tête aux pieds, avant de s’effondrer sur le sol, recroquevillée sur ses genoux. L’homme revient à toute vitesse, sort de son affreux truck rouillé, agrippe la mère par la peau du cou et commence à la frapper sauvagement. À la fin de cette scène, je serais parti à la course, sous les insultes proférées par la jeune fille en sanglots devant sa mère défigurée. Ce serait la fin de notre relation de couple, si on veut.
Et même après les quatre (4) comprimés croqués et dissous au fond de mon estomac, je suis toujours éveillé, et je m’imagine en train d’écrire ce scénario.

Il est rendu 3 :11 et les émissions sont finies depuis près d’un quart d’heure. Je quitte ma chambre le 31 mai au soir. Devant l’écran d’ordinateur, je suis prêt à écrire le scénario de ma vie, celui qui partira ma carrière, celui qui sera écrit sans que je ne me souvienne de quoi que ce soit et qui, enfin, ne radotera pas quelque chose de déjà évoqué auparavant. Titre à déterminer – je trouverai bien, je suis doué pour les titres – Scène 1, INT-JOUR X prend ses clés au crochet de l’entrée de sa maison. Il les regarde avant de les déposer au fond de sa poche. Il en sort sa montre, la regarde, puis la range avant de sortir une cigarette qu’il allume. Soudainement, les murs s’éloignent. Tout devient un effet Vertigo à 360 degrés. C’est que plus rien ne l’atteint. En voix-off, il dit : «Plus rien ne m’atteins ». Scène 2, EXT-JOUR-PLAGE X est sur une île tropicale et déserte. Seulement, il s’agit d’un studio de tournage où tous les espaces vides sont remplis par des toiles de plage ensoleillée. Au sol se trouvent des peintures de sable fin, sur laquelle on remarque que l’acrylique utilisée a été mélangée à du véritable sable afin de donner un relief plus réaliste. Plus loin se trouvent les reproductions de la mer et des vagues, et à sa gauche se trouvent les arbres exotiques, les palmiers qui réagissent aux caresses du vent. Plan fixe extrêmement serré sur les yeux jaunis de X. Le cadre s’élargit jusqu’à ne cadrer que le visage : il est plein de fissures, il porte une barbe longue et hirsute, et les cernes sont maintenant rendues complètement noires et descendent jusqu’à ses joues. Il regarde tout autour de lui, les yeux luisant, perdus. Il tourne sur lui-même avec lenteur, et après s’être immobilisé pendant près d’une minute, il s’assoit dans le sable. Il prend des billots de palmiers sortis de nulle part et commence à les attacher afin d’en faire un radeau. Scène 3, INT-NUIT-Studio La fille du scénario imaginée entre dans le studio, allume discrètement une lampe de bureau et reste debout, tenant sa tasse de café de café à deux (2) mains, en regardant des pages de scénario éparpillées sur le bureau. En fait, il s’agit du scénario de Meddley Poetry où on y voit les cadrages indiqués au compat, les lignes de poésies surlignées et barrées, les indications de montage sur une feuille lignée collée sur l’écran du moniteur qui diffuse les images prises jusqu’à présent. Au fond de la salle, on remarque que l’installation des tableaux de plage est toujours en place. Soudainement, X pleure; la jeune fille sursaute et échappe sa tasse de café qui éclate en mille morceaux dans un slow motion dramatique. X apparaît entre deux cadres suspendus par des fils et parle à la fille d’une voix caverneuse : «J’ai trouvé le titre de mon scénario. La Mort d’un Naufragé.» Toujours sous le choc, les deux mains collées à ses joues, la fille fixe X habillé de spectres de vêtements. «Voilà un an que je n’ai pas dormi. J’ai fait un rêve magnifique, la dernière fois que j’ai dormi : j’étais sur une île tropicale, et tout n’était pas parfait, mais tout était vrai. Et du coup, j’ai assimilé toute l’information de ce lieu. Et le lendemain matin au réveil, j’ai commencé à peindre tous les détails, en commençant par le sable. Mon but c’est le syndrome de Stendal.» Contre champ sur la fille qui n’est plus là. …

Il est 2 :43 sur le cadran, lorsque je me réveille. Le soleil passe à travers les stores et je comprends que c’est l’après-midi. À côté de moi, sur mon bureau, se trouve une quinzaine de feuilles lignées remplies de texte avec, comme en-tête, le titre –Mort du Naufragé- suivi du sous-titre –Scénario complet, prêt à être filmé-.
J’appelle mon équipe de tournage. «Demain, vers 1h pm, donc dans moins de 24h (selon la règle), on tourne la première scène. J’ai un film à vous présenter, ça pourrait vous intéresser.»

JD _3h02 am_