ou Le Naufragé de la Légende

lundi 15 novembre 2010

Nocturne Kaléidoscope

Rivières fruitées, les fêtards endimanchés, les journées longues de printemps, tout est en suspend. Dans l'oeil du cyclone, le vent rafale tempête et seccoue. L'air alcolisé se fracasse contre mon cerveau de gelée agrume. Visages difformes à travers ma fumée piaillent enfants gâtés et insouciance lointaine. Comme je vous envie, rougeur cerise, vos caresses, rires éclatant. Dans ma grotte, les ombres vont nonchalantes, cachotières. Une paume sur paume, les baisers vont et viennent, troublent mes yeux charbonniers. Rivières de louanges, des fruits mesquins. Sur les parois granules et boue, jouent mes doigts un portrait de vous.
Recule, efface, recommence.


Pierre sur pierre, la craie perce et blanchie sur pierre polie. Le trait plus clair, plus sombre, moins écatombe. Gorge souple et salive sans rancune. Frappe. Frappe. Frappe. TapTapTap la dictalo, car les écrits restent. TapTap, recule, déchire, et marche. Coeurs de verre, coeurs centenaires, et fleurs plastiques pour les romantiques. Kaleidoscope difforme, multicolore, mais indolore. Essaim d'enfantillages malsains. Noir goudron ma vue et mes poumons. Les klaxons, les sifflets, les messieurs en habit bleu. Vous me donnez raison. Fuir la réalité, abri tempo mal installé, le vent coulant entre les fentes. Y'en a partout, j'vais finir noyé...


L'automne, vous avez froid, vous oubliez le petit moi, et c'est caresse après caresse. RonRon les amoureux sont cons. Le vampire social que je suis, je me nourris de vos histoires, concasse la matière, réduis en cendre toute illusion de bonheur. Rêveur de petit pré, cageôleur de grotte emmitouflée, couverture de rocaille sablonneuse. Alinéa 3, voir le flâneur de Beaudelaire: carnet de poche, stylo ringard, chaussures minables, tête à ne pas recommander. Fam: rôdeur, voyeur. Petit piano, je note note note, gros bémol, ça ne sonne pas. Petit scribe de peu d'ambition.


Pourquoi tu n'es pas là, me tenir tête, me faire rire, petite cambrioleuse de souvenirs. Gourmande d'offre, toujours en demande, mais jamais disponible. La portée du Cyclope ne se rend pas jusqu'à toi. Et j'ai essayé, encore et encore. J'ai frappé ma grotte des levrès qui te ressemblent, j'ai inscrit ta voix sur mille papiers, mais Polyphème, tes moutons partent toujours sans donner de nouvelles. Nos mots n'aboutissent pas. Tout ça n'est que nocturne kaléidoscope, étrange mélange confit de bruits napalmes, faible hérisson qui s'hiro-chimère. Mes mirroirs, jeune et vieux, mince et laid, je garde une langue amère. Pourquoi tu n'es pas moi. Exactement comme moi.


TapTapTap, sur la machine clic clic, sur l'assomante portative qui BipBip PopUp. Dring dring sans réponse Dings dongs jého-J'viens pas, et autres buzz fantôme de cellphone. Coups de ça-va-ça-vient entre les reins qui vient pas, encore drelin drelin, mais pas de Merlin, juste des tics, des tics-tacs, du tac-au-tac, l'horloge clignote chuchotte debout, penchée sur mon souffle court, mon sommeil qui ne vient plus. Vroum, screech, uhn-tiss uhn-tiss, ça va passer, c'est pas moi. Plongent les écouteurs limaces au fond de ma carcasse, vibre mon thorax, mon gros égo de sans coeur, de pince sans pleur. Glousse, ma poule; smile, you're on camera. Voyeur et activités solitude avec tissus, t'es qu'une poubelle. Même si, pendant un instant, t'es assez jolie pour être elle. Plus proche portrait que mes dessins abstraits, ma pierre cassée, ma tête fragment de moi. Mon canon, aggressif, impulsif, ci-gît devant ma silhouette. FapFapFap, et frappe frappe frappe tes draps, ton matelas. Clic clic pop Up, scroll down, mes discussions avec toi. Pourquoi t'es pas moi.


Iglou, iglou, iglou, je ne suis pas des vôtres. Je cherche encore, ma main gratte-coco fume, sifflote, caresse l'air chaud de la fan. Iglou, iglou, je suis mieux que vous autres. Mes rivières, soupière banana-fish, murmurent une photo, profile une belle fille. Et tu baignes tes pieds, ma marmitte à papiers, et tu n'en sors pas. Tu souris, puis faibli. Ne reste plus que de la limaille de rêve. Vitamine carrencée, je préfère en rester là, plutôt que de manquer de toi. Glouglou, les poules pas de tête, c'est plus séduisant pour l'ampoule ébrêchée que je suis. Glouglou, ça rit, ça chante, ça loufoque et ça pleure pas sur tout t'es rien. Ça boit à tout terrien, sur tout terrain, ça vous en bouche un trou, plein la gueule les sans dessein. Bien mal aimé qui ne rigole point. Alors je bois, je frivole l'alcool, les détritus pharmaceutiques, anarchaïque, et schizophrène. Tempête dans ma flûte, tout reflexore mes gestes et mes mirroirs, fracas de vitre en poison. Turbine de lave, rocher percé de la membrane bien pensante. Fissure et déconfiture au fond de ma cave, partout s'envole mes calepins, perdu dans une marre de y'en a marre. Foudre violette sur mon oeil cyclone, l'orage ruine-babine, les marées montantes. Ma noyade de toi. Ma haine de toi et lui. Je robinsonnerai à des milles de toi, en wilsonnant dans mon kaléidoscope nocture.



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Lundi, 15 novembre 2010, minuit 50
Jean Derome

2 commentaires:

  1. Tu es un résultat.
    Pogne-toi un pack-sack pis viens faire un tour par l'Amerique du Sud.

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  2. Ça me fait penser à Naked Lunch de Burroughs, mais en plus cohérent. Probablement parce que je te connais mieux. J'aime ton écriture «libre», usant sons et images afin de faire passer le message.
    C'est bien aussi que tu essaies de faire rimer des mots d'une phrase à l'autre, ça l'ajoute un peu de lyrisme, comme lire les vers d'une chanson.
    Bon texte Deaf Juan.

    p.s: moi, toi et le barbu devrions se saouler vendredi

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